"Tu tueras le père" de Sandrone Dazieri

Nous nous se retrouvons aujourd'hui pour une nouvelle lecture commune, toujours avec Léa, du blog Chez le Chat du Cheshire avec le deuxième titre de la toute jeune collection de Robert Laffont, La Bête Noire !

Sa chronique ICI

Contrairement aux Fauves, je ne connaissais pas du tout l'auteur, Sandrone Dazieri, ni sa production, avant d'ouvrir ce bouquin, je n'avais donc aucun à priori, aucune espèce d'idée de ce que ça allait bien pouvoir donner. A part que c'est un auteur italien. On connaît très peu d'auteur italien finalement, non ? (à part Umberto Eco) (Et Pétrarque) (Bref ! Je divague) (le premier qui dit "vague !" je le tape, en toute amitié, mais quand même). 

Passons.

Une femme est retrouvée, à genou, sans sa tête (oui, ça commence fort !), son enfant est porté disparu et le mari est accusé. Pourtant, un des officiers de police croit difficilement à cette théorie trop facile et envoie Colomba Casilli, fliquette actuellement en arrêt et passablement perturbée, frapper à la porte d'un personnage très particulier, Dante Torre, surnommé L'enfant du Silo. En effet, kidnappé à l'âge de six ans, Dante a été élevé par un homme mystérieux qui se faisait appeler, en toute sobriété, le Père, le jeune garçon, aujourd'hui homme et vivant toujours plus ou moins reclus, a réussi à s'échapper à l'adolescence et gagne maintenant sa vie en retrouvant des enfants disparus sans presque quitter son appartement. Colomba parvient péniblement à le faire sortir de chez lui, afin qu'il analyse la scène de crime. Et là, c'est le drame. Dante reconnaît l'empreinte de ce Père monstrueux. 

Le pitch de départ a les effluves du polar "classique" : un enlèvement d'enfant dès les premières pages et un couple improbable qui mène l'enquête mais le roman possède tout un tas d'éléments qui le font sortir du lot ! Le couple improbable tout d'abord, c'est vraiment rare de voir deux personnages de sexe opposé évoluer dans un ouvrage quel qu’il soit (et ça marche pour les séries et les films aussi d'ailleurs) et NE PAS devenir un couple (ou juste ne pas coucher ensemble, ça marche aussi) et j'ai trouvé ça rafraîchissant. Surtout parce qu'ils sont vraiment trop mignons, ces deux-là ! Colomba, jeune femme traumatisée par un événement assez récent, est forte, déterminée et gare à ceux qui essayent de lui marcher dessus ! C'est un personnage féminin comme on en voit rarement, perdu dans un monde d'homme mais y résistant de toutes ses forces. Dans le cas de Dante, nous avons l'occasion de le voir dans deux types de situation : sa vie passée dans le silo, terrorisé, seul, dans le froid et la crasse et sa vie présente, pleine de séquelles, de peur et de phobie, il essaye, malgré de grands moments de faiblesse, de lutter contre ses démons pour "tuer le père". Abîmés par la vie, ils arrivent à se soutenir mutuellement, ont des aptitudes et des connaissances complémentaires et finissent par se créer une relation d'interdépendance finalement très saine (surtout quand on voit d'où ils partent !). Ils sont réalistes et très attachants, je crois que c'est vraiment ces deux-là qui m'ont le plus plu dans tout le roman.

L'intrigue, quant à elle, est très prenante, l'atmosphère est froide, glaçante même et nous tremblons au côté des deux protagonistes et, comme eux, on ne voit pas grand-chose venir ! Des morceaux du passé (en italique) viennent parfois s'intercaler entre les chapitres pour expliquer l'action présente et j'avoue que c'est ce que j'ai préféré ! J'aurai d'ailleurs bien aimé en apprendre encore plus, principalement sur Dante. Par contre, en toute honnêteté, j'ai trouvé qu'il y avait des longueurs, des moments de flottement. Je ne sais d'ailleurs pas vraiment comment l'expliquer, l'action est constante, les péripéties et rebondissements se cumulent et s'enchaînent mais... Voilà, il me manquait quelque chose pour m'empêcher de refermer le livre (ou alors j'ai vraiment trop mal aux yeux en ce moment, je ne sais pas ^^).

4/5
Par contre, lire ce livre
chez ses parents le jour
de l'anniversaire de mon
père, pas ma meilleure idée...

Malgré ce tout petit bémol (parce que je me suis tout de même dépêchée de le finir, j'avais envie de savoir ce qui allait arriver à mon cher petit Dante), j'ai beaucoup aimé ce gros pavé dépaysant, parsemé de petits mots en italien, au milieu de Rome, au bord du Tibre, ça change ! et j'espère vraiment retrouver ces deux personnages dans de nouvelles aventures. La collection La Bête Noire prouve une deuxième fois qu'elle sait faire de très bons choix dans sa production et qu'elle a toute à fait sa place au milieu de tout ce qui se fait déjà ! A suivre !