mardi 19 septembre 2017

- No Home -

- No Home -
Yaa Gyasi
Éd. Calmann-Lévy

Vous le savez, certains livres, à force d'être mis en avant partout où votre regard se pose, peuvent devenir effrayants. Et si je n'aimais pas ? Et si je ne le trouvais pas aussi bon/beau que tous ceux qui l'ont encensé ? Et si et si et si et si. Pourtant, ce No Home m'a fait de l’œil pendant pas mal de temps, sa belle couverture (les inconvénients de la liseuse... Vous pouvez la retrouver plus bas), son résumé intriguant, la "jeunesse" de son autrice Yaa Gyasi (bah quoi ? Elle n'a qu'un an de moins que moi), mais je l'ai laissé traîner, comme beaucoup d'autres. D'ailleurs, petit aparté maintenant qu'on est sur le sujet, ça vous arrive aussi d'avoir l'impression que, malgré les tonnes de bouquins que vous vous avalez, vous resterez toujours derrière les autres, ceux qui ont lu ces fameux livres que vous laissez passer, sans réussir à les rattraper ? Drôle de sensation, je vous l'assure !

Revenons à nos moutons.

No résumé



XVIIIe siècle, au plus fort de la traite des esclaves. Effia et Esi naissent de la même mère, dans deux villages rivaux du Ghana. La sublime Effia est mariée de force à un Anglais, le capitaine du Fort de Cape Coast. Leur chambre surplombe les cachots où sont enfermés les captifs qui deviendront esclaves une fois l’océan traversé. Effia ignore que sa sœur Esi y est emprisonnée, avant d’être expédiée en Amérique où des champs de coton jusqu’à Harlem, ses enfants et petits- enfants seront inlassablement jugés pour la couleur de leur peau. La descendance d’Effia, métissée et éduquée, connaît une autre forme de souffrance : perpétuer sur place le commerce triangulaire familial puis survivre dans un pays meurtri pour des générations.
No avis

Il va être vraiment difficile pour moi de vous résumer et de vous expliquer No Home. Au premier abord, j'ai eu quelques difficultés à rentrer dans l'histoire, ne voyant pas où j'allais vraiment. Puis, passés deux ou trois (très courts) chapitres, j'ai saisi : nous suivons, page après page, la descendance de deux femmes, Effia ou Esi au commencement, puis leurs enfants, puis les enfants de leurs enfants, puis les enfants des enfants de leurs enfants et ainsi de suite jusqu'à notre époque, presque 300 ans après les deux sœurs.

À vous coller le tournis.

Nous traversons alors, grâce à cette riche descendance, l'histoire des esclaves d'Amérique du Nord, à partir du moment où ils ont quitté leur village d'origine (ici au Ghana) jusqu'à aujourd'hui, libérés ou presque de tous les jougs qu'ils ont subis. Guerre de sécession, champs de coton, femme de chambre, ségrégation, racisme "ordinaire", tout y passe, j'ai même une sensation (même si je me rends bien compte que c'est sans doute loin d'être le cas) de lire un ouvrage historique exhaustif sur le sujet. Outre les moments historiques, les thématiques, propres ou non à la condition africaine, sont multiples, pauvreté, amour, exclusion, non-éducation, violence, espoir, humiliation, dignité, TOUT y est et TOUT y est particulièrement bien traité et amené. C'est, attention alerte aux superlatifs, tout bonnement hallucinant.

Pourtant, rien de pénible, d'universitaire, d'ennuyeux. No Home se lit très facilement (à noter quelques longueurs parfois mais rien de très gênant) une fois que vous êtes rentrés dedans, les pages se tournent, les chapitres, plus ou moins courts selon les personnages et la période, défilent à une vitesse impressionnante et vous êtes alors pris dans le, si j'ose dire, (Hommage à la regrettée Jeanne Moreau) trépidant et tumultueux tourbillon de la vie.

Les amateurs de fresque familiale, de récits de génération et les férus d'histoire y trouveront leur compte, c'est certain. Ici, c'est environ 7 générations qui défilent (j'ai compté, mais pardonnez-moi si erreur il y a), avec leur personnalité propre, leur passé (parfois bien flou), leur optimisme (ou pas). Les changements de lieux, de pays et de continents vous feront voyager sans quitter la chaleur de votre canapé (avec ce temps, que demander de plus ?).

En Bref

À lire !
Avec No Home, Yaa Gyasi réalise une sacrée performance d'écriture. L'ensemble tient parfaitement la route et va vous emmener bien loin. Les faits sont livrés sans fard, sans pathos et dans toute la dureté d'un réalisme foudroyant. L'écriture, sans être transcendante, est agréable et fluide et porte à merveille cette œuvre humaine et humaniste. Si je ne peux pas lui accoler l'étiquette de coup de cœur (pour une raison qui m'échappe), je ne peux que vous recommander de ne pas faire comme moi et de, si ce n'est pas déjà fait, vous jeter dessus sans tarder !

16 commentaires:

  1. Ce livre tourne en boucle dans ma tête dès que je le vois ! Je veux le lire mais a attendra XD L'occasion viendra, je le sais :P (peut-être pour la sortie poche AHA)

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    1. Ouiiiiii ! J'espère d'ailleurs qu'ils vont conserver la couverture pour l'édition poche, elle est tellement belle ! :D

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  2. Aaah maiiiis tu le veends trop biiiien !
    Entre roman historiques et histoire de famille, je veuuuux !
    Merciii ♥

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  3. Je te rassure de suite, en lisant ton blog et tes lectures, j'ai l'impression de toujours passer à côté du TRUC à lire. x)

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  4. Tu as raison pour cette sensation d'être toujours derrière les autres ! Je la ressens également. No Home, j'allais le laisser passer à côté et Bettie Rose Books en a superbement bien parlé et il est dans la sélection du Prix des Chroniqueurs Web... Donc, il sera à lire !

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    1. J'pense qu'on a tous ce sentiment en fait, on ne peut pas tout lire et donc on est bien obligé de laisser des livres excellents de côté et ça nous agace :D J'ai hâte d'avoir ton retour pour celui-là !

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  5. Un gros coup de coeur pour moi, inoubliable !

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  6. Il est déjà dans ma WL depuis un moment et ta critique me donne juste envie d'aller direct en librairie ! Bon, il va devoir encore attendre un peu, mais merci pour cette superbe chronique !

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    1. Chouette ! Quand tu pourras le prendre, et donc le lire, j'ai hâte d'avoir ton retour :D

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  7. Il est dans ma PAL, il faut que je le sorte de là !

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