jeudi 8 mars 2018

- Mille Petits Riens -


- Mille Petits Riens -
Jodi Picoult
Actes Sud

Qui revient discrètement, comme si elle n’était pas partie depuis plus de 2 mois (on me dit plus de 3 mois dans l’oreillette, mais ici on aime nier les évidences), c’est bien sûr votre chère Titine qui, je n’en doute pas, vous a manqué comme la tartine manque au Nutella. N’y voyez aucune proposition salace, je suis sûre que vous trouverez bien quelqu’un de partant pour vous tartiner tout ce que vous voulez.

Une explication ?

La vie, les éléphants de mer, l’obsolescence programmée, Tété, une bonne bouteille d’eau fraîche et une Peugeot 508 qui se prend pour Christine. Ceci n’est pas un rébus.

Et pourquoi elle revient cette espèce d’andouille qui nous a ghosté sans prévenir ? 

Bah c’est qu’elle est tellement en retard sur ses chroniques, surtout sur celles de ses SP, que la honte la paralyse, la pauvre bichette. La Titine est un petit animal fragile. Et ne parlons même pas du brocoli. Mais bon, quand il faut y aller, faut y aller et le roman que je vous propose aujourd’hui, Mille petits riens de Jodi Picoult, ça aurait été sacrément dommage de passer à côté, hein. Et puis, c’est Babelio qui me l’a envoyé et on aime tous Babelio.


Mille petits résumés





Ruth Jefferson est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est une employée modèle. Une collègue accommodante. C’est aussi la seule afro-américaine de son service. Le jour où un couple de suprémacistes blancs demande à ce qu’on lui interdise tout contact avec leur bébé, Ruth est choquée de voir sa hiérarchie accéder à leur requête. Quand le nourrisson décède quelques jours plus tard, c’est elle qui est pointée du doigt. Accusée de meurtre, Ruth va devoir répondre de ses actes devant la justice. Mais sa couleur de peau ne la condamne-t-elle pas d’avance ?

Mille petits cœurs sur toi

Ce roman, une petite merveille comme tout ce que j’ai lu de Jodi Picoult jusqu’à présent (La tristesse des éléphants & À l’intérieur), est probablement l’un des plus difficiles à chroniquer de mon humble carrière de blogueuse. Vous allez vite comprendre pourquoi.

L’autrice a choisi de traiter du racisme à notre époque, loin de nos habitudes de raconter l’histoire ségrégationniste américaine à grand coup de fouets et de champs de coton. Ici, le racisme est "moderne", insidieux, discret, mais pourtant toujours là, toujours présent en chacun de nous, même chez les plus tolérants.

Ruth est une sage-femme exemplaire, qui a toujours refusé de lire l’intolérance et le racisme dans les yeux de ses collègues, tous blancs. Pourtant, lorsqu’un raciste pleinement assumé, un bon vieux redneck suprémaciste tout droit sorti d’American History X lui refuse de faire son devoir, de toucher son nouveau-né, les masques tombent et Ruth se rend compte qu’elle est bien seule, cantonnée, comme toujours, à sa couleur de peau.

Fidèle à ses habitudes, Jodi Picoult change les points de vue à chaque chapitre. Vous vous retrouverez donc à écouter les pensées de Ruth, à la voir trembler, tour à tour de peur et de rage devant l’injustice, face à tous ces blancs qui ne comprennent rien, vous suivrez la remise en question de Kennedy, l’avocate de Ruth, persuadée de n’avoir aucune fibre raciste dans tout son être, et, last but not least, vous assisterez, atterrés, aux propos débordant de haine et de violence de Turk, le fameux suprémaciste, père de l’enfant décédé, élevé dans le rejet de tout ce qui diffère de sa vision d’un monde idéal, blanc, hétérosexuel et chrétien.

Chacun de ses personnages va vous apporter son lot d’émotion et d’interrogation :

  • Ruth va vous remplir de compassion, même si vous aurez parfois envie de lui botter les fesses pour qu’elle se rebelle un peu plus vite (mais on comprend vite que ce n'est pas chose aisée).
  • Kennedy va vous forcer à ouvrir les yeux sur notre propre comportement, sur nos propres préjugés et comme elle (et comme moi), vous allez vous prendre une sacrée claque dans la figure quand vous prendrez conscience que si le temps de Rosa Parks est bien fini, le racisme a encore de beaux jours devant lui, le saligaud (sorry, pas facile de faire de l’humour sur un sujet pareil). C'est LE "bien joué, madame" de Jodi Picoult.
  • Pour Turk, c’est plus difficile. Oui, ses propos vont vous donner la gerbe, oui, vous allez avoir envie de refermer le bouquin dès que lui, il commence à l’ouvrir, mais connaitre ses pensées est absolument indispensable dans ce roman, pour ne pas oublier que ce genre de personnes existe bien encore, et que depuis l’élection d’un certain président ventripotent couleur orange, ils ont de plus en plus la parole.

C’est un roman dont vous n’allez pas sortir indemne, c’est sûr, mais c’est avant tout un roman important pour ne pas oublier que tout ça, le racisme, le rejet, les préjugés, les enfants abattus par la police, tout ça existe encore et que, si on joue encore longtemps à l’autruche, ça existera probablement toujours ET ça prendra de l’ampleur.

En Bref
Gros gros coup de ♥

Mille petits riens fut difficile à lire et difficile à chroniquer, tant voler la parole des principaux concernés peut être facile (pour comprendre, il suffit pour moi, femme blanche de 30 ans, de transposer ça à tous ses mecs qui ont soudainement quelque chose à apprendre aux femmes sur le harcèlement de rue, sexuel ou sur le sexisme ordinaire), mais ce fut une expérience de lecture absolument géniale, transcendante, pleine d’émotion, de la plus violente à la plus tendre, je ne peux vraiment que vous le conseiller pour que vous puissiez vous faire votre propre idée.

Quant à moi, il n’est pas impossible que je retourne dans ma grotte pour mieux en ressortir bientôt, on sait pas, c’est beau les mystères de la nature.

Pour mieux comprendre de quoi est fait ce roman, je vous renvoie à la superbe chronique de Maned Wolf chez Déjeuner sous la pluie, perfection

15 commentaires:

  1. Contente de te voir de retour, et quel retour !
    C'est grâce à toi que j'ai pu lire le fantastique "A l'intérieur" de l'autrice, je comprends ce que l'on peut ressentir en lisant ses livres. Elle a le mot juste pour parler de sujets difficiles comme personne d'autre.
    Je n'ai pas beaucoup lu de livres ayant pour trait le racisme, cela pourrait-être l'occasion !
    A bientôt ;)

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  2. YOU'RE BAAAAAACK !!
    Sinon, je lorgne sur ce livre depuis qu'il est arrivé au boulot, mais j'ai tellemeeeeeent de SP et autres trucs persos à lire.... J'espère quand même m'y plonger prochainement !

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  3. Ouiiii quel fabuleux come-back !!! Ta chronique est trop bien, elle illustre vraiment les propos de ce merveilleux livre :) Et ouh, merci beaucoup pour le lien <3 J'espère que tu vas revenir dire bonjour de temps en temps par ici, même si c'est pas régulier c'est toujours une trop bonne nouvelle de pouvoir te lire de nouveau :) Plein de bisous !

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  4. Ravie de te retrouver ! Surtout pour une chronique aussi alléchante !

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  5. S'il est aussi bien que La Tristesse des éléphants de Jodi Picoult, je ne vais pas avoir d'autre choix que de le lire...

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  6. Primo : YEAH, YOU'RE BACK
    Deuxio : *danse de la joie*
    Tertio : je voulais t'envoyer un message savoir si tout allait bien et toi, mais je me suis dit que si c'était pas le cas, ça allait te saouler, alors j'ai pas osé.
    Je-sais-pas-comment-on-dit-après-tertio : décidément, tu as un truc avec les sage-femmes. T'es sûre que tu as pas raté ta vocation ? En tout cas, c'est un bouquin que j'avais envie de lire, donc tu me confortes dans le truc. Va falloir que je me le procure !

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  7. Je ne sais pas si je vais être objectve mais... Jodi Picoult c'est la meilleure et j'attends ce livre de pied ferme, il me tarde...

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  8. Ouiiiiiiiiiiiiiii tu es reviiienduuuuuue ♥♥♥
    Tu m'avais manquéée olala !
    Sinon, tu me donnes évidemment envie de lire ce bouquin, pour changer =D

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  9. *profite de l'absence momentanée de Valentine pour rattraper son retard sur Les chroniques du Brocoli*
    Je ne connaissais pas du tout, ça me donne bien envie de le lire. Mais peut-être quand je serai dans mon humeur "je lis des choses mi-tristes", "mi-pleine d'espoir". :D

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  10. Ce roman a l'air génial. J'aimerais beaucoup le lire *_*

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  11. J'ai lu ce roman il y a quelques mois et j'ai adoré !! J'ai aussi eu un peu de mal à le chroniquer, le sujet est tellement fort et sensible. En tout cas, c'est sûr, je ne m'arrêterais pas à ce titre et compte bien lire d'autres romans de cette auteure :D

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