vendredi 16 juin 2017

- Miss Pas Touche -

- Miss Pas Touche -
Kerascoët & Hubert
Éd. Dargaud
  1. La vierge du bordel
  2. Du sang sur les mains
  3. Le prince charmant
  4. Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Comme je n'ai pas assez de livres dans ma pal, il m'arrive de faire des descentes à la bibliothèque (cette phrase contient tellement de mauvaise foi que ça en devient indécent) histoire de rattraper quelques ratés dans mon éducation bd, éducation que Mary prend très au sérieux. C'est donc les bras chargés des 4 tomes de Miss Pas Touche que je suis rentrée toute guillerette chez moi. Beaucoup moins guillerette, c'était toujours moi, mais cette fois, à la fin de ma lecture. Aujourd'hui, je vous débriefe donc ce moment de déprime et de perte de confiance totale en l'humanité.


Touche pas au résumé

Quand deux jeunes filles de province débarquent dans le Paris des années 30 pour chercher du travail, elles n'ont pas l'embarras du choix : elles deviennent bonnes à tout faire dans la haute société. C'est le lot d'Agathe et de Blanche, deux sœurs qui astiquent, lavent et récurent chez une patronne très comme il faut. Autant Agathe est légère et insouciante, autant Blanche est prude et timide. Et quand sa sœur va guincher sur les bords de Marne à la recherche du prince charmant, Blanche l'attend dans leur chambre nichée sous les toits. Une nuit, Blanche entend des bruits bizarres dans une pièce de l'immeuble mitoyen – chose étrange, ledit immeuble étant muré pour insalubrité. Curieuse comme pas deux, elle creuse un trou pour en savoir plus. Et découvre une scène horrible : une fille mutilée réduite à l'état de macchabée. Et si c'était un nouveau crime du sinistre "Boucher des guinguettes" ?  À son retour, elle en parle à sa sœur. Mais Agathe a tout juste le temps de glisser un œil à son tour avant de recevoir une balle... "Suicide", dit la police. Puisque c'est comme ça, Blanche mènera l'enquête toute seule. Et voilà comment elle se fait engager dans une "maison de joie", le Pompadour, où elle est chargée des clients un peu spéciaux. Au moins, elle ne perdra pas sa chère virginité...



L'avis de Sainte Nitouche

Ce qui m'a donné envie de lire cette série, c'est l'ambiance "Années 30" qui suinte dès l'illustration de couverture. J'avais lu un résumé dans un endroit bien connu mais mystérieux : le "je ne sais plus où" et je m'attendais à une petite et simple enquête policière, une transposition de Jack L'Éventreur à la fin des années folles, avec deux jeunes demoiselles en héroïnes pleines d’allant. Oui, bon. PAS DU TOUT. Dès les premières pages, je me suis pris le meurtre de l'une des deux frangines en pleine poire, ça m'apprendra à être optimiste, ma brave fille. Pas de spoiler ici, ne me râlez pas dessus, c'est dès le début et c'est dans la quatrième de couverture, j'ai une mémoire de poisson rouge, ça se confirme.

Donc, après le meurtre de sa sœur, c'est la jeune Blanche qui passe au premier plan. Déterminée à comprendre ce qui s'est passé, la demoiselle passe de l'oie blanche, jeune pucelle naïve et sans reproche, à l'enquêtrice qui ne recule devant rien pour découvrir la vérité. Et pour cela, pas le choix, elle doit s'incruster au Pompadour, célèbre maison de joie (un bien beau mot pour dire "bordel de luxe") de Paris. Une vierge dans un bordel (le titre du premier tome), ça peut paraître bizarre. Mais Blanche n'est pas sans ressource (et les tenanciers non plus) et la Miss qu'on ne peut pas toucher va découvrir qu'on peut faire bien des choses sans toucher à son si précieux hymen.

Alors, je sais qu'on ne dirait pas comme ça, mais non, l'intrigue ne va pas tourner uniquement autour du commerce du sexe, le bordel n'est pour Blanche qu'un moyen d'arriver à ses fins, et de scènes vulgaires et pornographiques, vous ne verrez pas la couleur. Tout est dans la subtilité, dans la suggestion. Mais, attention pour les cœurs fragiles, ça n'en est pas moins difficile.

La série peut être divisée en deux parties :
  • Les deux premiers tomes, La vierge du bordel et Du sang sur les mains, traitent de l'histoire du "Boucher des guinguettes", en lien étroit avec le meurtre d'Agathe, la sœur de Blanche. C'est sombre, c'est violent et certains adeptes de films d'horreur reconnaîtront un film bien connu du genre (que je ne citerai pas ici, le spoiler ne passera pas par moi)
  • Les deux suivants (et derniers), Le prince charmant et Jusqu'à ce que la mort nous sépare, présentent toujours Blanche en héroïne et le bordel comme centre de son monde mais un jeune homme, Antoine, fait ici son apparition. Et alors là, accrochez-vous encore plus à vos bretelles, parce que si le début tenait plus du thriller, là, nous sommes en plein dans une réalité sociale, peu connue mais absolument horrible et terrifiante. 
C'est ce mélange des genres qui m'a totalement séduite. Miss Pas Touche surfe allègrement entre le thriller, le polar, l'horreur, la peinture sociale, la réalité historique, la représentation des mœurs, etc. On y croise même quelques personnalités de l'époque en question. Pas de sentimentalisme ici, Blanche en voit de toutes les couleurs et sa vie n'est pas facile (et ne va pas en s'arrangeant). L'héroïne tient d'ailleurs le récit à elle toute seule, sur ses maigres épaules de jeune fille volubile et niaise, elle devient un instrument de vengeance sans peur et absolument pas sans reproche. Difficile de s'attacher entièrement à elle, qui ne recule devant rien pour avoir ce qu'elle veut. Néanmoins, son évolution est très intéressante et le récit, dans son ensemble, est prenant.

En Bref
Broco conseille !

Les deux premiers tomes sont les plus intéressants et peuvent aisément se lire seuls, sans se précipiter ensuite sur les deux derniers. Pourtant, Le Prince Charmant et Jusqu'à ce que la mort nous sépare sont absolument bouleversants et, presque, traumatisants. Pour tout vous dire, j'ai terminé la série en vouant une haine profonde envers l'héroïne, produit de son époque, mais tout de même... Ça n'excuse pas tout.
Enfin, parler d'une bd sans mentionner le travail de l'illustrateur, c'est un peu idiot donc : le dessin est superbe et colle parfaitement à l'ambiance et à l'atmosphère générale du récit. Les dégaines des demoiselles du bordel, et de Blanche en particulier, ne sont pas sans rappeler les gravures de mode de l'époque, fines, élancées, le chic "à la parisienne", nous sommes vraiment plongés dans cette époque et la chaleur des couleurs et du graphisme aide un peu à supporter la dureté de l'histoire. Bref, Broco conseille (mais à ne pas mettre entre toutes les mains tout de même).

16 commentaires:

  1. Une BD qui semble intéressante, tu me tente bien :)

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    1. ça change vraiment de ce qu'on peut lire dans ce genre en tout cas ! :D

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  2. Bwaaaaaah, je m'attendais pas non plus à ce résumé-là haha ! Ca peut m'intéresser du coup, même si j'ai jamais testé le thriller en format BD :) Je garde ça en tête, plutôt le genre de trucs que j'emprunterais aussi (parce que les BDs c'est cher et ça se lit vite...) mais pourquoi pas !

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    1. J'ai l'impression que c'est devenu une espèce de classique, tu ne devrais pas avoir trop de mal à le trouver en bibli (comme moi) du coup ! Et puis, ça se lit vraiment vite, ça ferait cher le temps de lecture !

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  3. Ah ton résumé au début j'ai cru que tu n'avais pas aimé, mais en fait c'est encore pire ^^
    Du coup ça me tente bien (je vais voir à la médiathèque où j'ai également mes entrées^^), bien que je m'attende à ne pas me marrer :/
    Merci pour la découverte =)

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    1. Je suis tellement imprévisible xD
      Il vaut la lecture, il y a quelques scènes drôles mais c'est très noir dans l'ensemble !

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  4. Je ne m'attendais pas du tout à quelque chose d'aussi noir au vu du dessin !

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    1. Pareil en le découvrant ! C'est d'autant plus surprenant !

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  5. Tu me donnes tellement envie ! J'ai une culture BD au ras des pâquerettes, du coup, je pars de très loin, mais j'ai justement décidé que je me servirai de la médiathèque pour compenser (parce que je sais qu'en vrai, j'en achète quasi jamais parce que ça se lit bien trop vite !).

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    1. Je commence à rattraper la mienne mais il y a tellement de choses différentes (parfois, plus qu'en littérature, j'ai l'impression) que je crois que je n'arriverais jamais à en construire une "correcte". Bon après, tant qu'on s'amuse ^^
      Et la bibliothèque, pour les bd, c'est vraiment l'idéal, j'trouve. Tu ne devrais pas avoir trop de mal à trouver celle-là j'pense, c'est devenu une sorte de classique, je crois.

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  6. Le titre m'a tout de suite intriguée et j'étais curieuse. Après avoir lu ta chronique, je ne sais pas vraiment si je veux lire cette BD car d'une part ce que tu en dis m'intrigue mais me fait un peu peur malgré tout ^^ Je vais aller voir quelques illustrations pour me faire une idée ;)

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    1. C'est le titre qui m'a décidé aussi ! Et celui du premier tome aussi : La vierge du bordel, je trouvais très intriguant ! C'est vrai que j'aurais pu mettre quelques photos des illustrations intérieures, je n'y ai pas pensé (et j'avais déjà rendu les bds, j'ai toujours la trouille d'être en retard à la bibli). Mais je crois que tu peux en trouver beaucoup sur Google Images ! Tu vas voir, c'est plutôt joli :D

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  7. Je ne connaissais pas du tout, ça a l'air assez particulier ! J'avoue que l'esthétique "gravure de mode" me séduit pas mal. Si j'en ai l'occasion, j'y jetterai volontiers un oeil :)

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    1. Le dessin est superbe ! Mais son contraste avec le récit est très déroutant au début. Remarque, ça fait aussi la force de cette bd !

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