Pénélope Bagieu
Éd. Gallimard
Je sais, j'avais dit que le 4 avril, j'allais publier la chronique de Caraval que, j'en suis sûre, vous attendez en piaffant comme des chevaux sauvages. Mais, pour une raison totalement indépendante de ma volonté (pour une fois...), la pauvre est décalée au jeudi 6 avril. Vous allez voir, je suis sûre que cette attente va en rendre la lecture encore meilleure (j'essaye une nouvelle technique de manipulation mentale, est-ce que vous sentez une différence ?). En attendant donc le résultat d'une nouvelle lecture commune pesdestrienne, voilà la chronique tant repoussée des deux tomes de la désormais célèbre bande dessinée de Pénélope Bagieu, Culottées.
Quelle est donc cette chose ?
Femme à barbe gérante de bar - Peggy Gugenheim - la première vulcanologue féminine - Joséphine Baker... À travers 30 courts portraits (15 par tomes), Pénélope Bagieu nous présente des femmes, d'origines et d'époques différentes, des femmes exceptionnelles, aux destins incroyables.
Et est-ce que c'est bien ?
Est-ce que c'est bien ? Est-ce que c'est bien ! Est-ce que tu as vraiment besoin de poser la question ?! Bon sang, mais c'est mieux que bien, c'est indispensable !
J'ai dévoré ces deux tomes en une après-midi et une soirée, une lecture qui fut accompagnée de nombreuses exclamations, de "QUOI ?" et de recherches en ligne, histoire de compléter les informations reçues.
A l'origine de ce projet, il y a Pénélope Bagieu et le journal Le Monde. Désireuse de mettre en avant des femmes que l'Histoire (la grande et la petite) a oubliées, la dessinatrice a eu l'idée de se mettre à la recherche de figures féminines importantes (pour une raison x ou y) et de les présenter en une bande dessinée de 8 pages environ. Loin de ne montrer que ce que nous connaissons déjà, Pénélope Bagieu tient à nous décrire la vie de femmes fortes, têtues et combatives, mais, pour la plupart, totalement inconnues aujourd'hui. Toutes les femmes présentées ont bouleversé quelque chose, à leur échelle : un pays, les bonnes mœurs, la religion, la domination masculine en médecine, leurs parents, etc. Les sujets sont variés et puissants. À travers ces portraits nous est présenté un souffle contestataire féminin, brimé et empêché depuis toujours, quel que soit l'époque (de l'Antiquité au 20eme siècle) et pour des raisons plurielles.
Le terme culotté prend alors tout son sens : celles qui portent la culotte, au sens littéral et au sens métaphorique, celles qui ont osé aller à l'encontre des normes imposées, qui ont insisté pour porter leurs idées (et leurs idéaux).
Je n'ai pu être que touchée par cette lecture, bouleversée même, par certaines découvertes et par ces destins. On rit beaucoup, c'est sûr, le ton humoristique de Bagieu est toujours présent et les mimiques de quelques personnages sont hilarantes. Mais hélas, la plupart du temps, c'est l'indignation devant l'injustice subie qui prédomine. Certains portraits, surtout dans le deuxième tome, sont beaucoup plus durs, plus violents (à base de mariage forcé d'enfants et de viol en série), plus récents aussi, preuve, s'il y en a encore besoin (on me dit que oui, hélas), du chemin qu'il reste à faire.
Pénélope Bagieu nous livre là des histoires passionnantes, instructives, drôles ET qui forcent le respect. Je ne sais pas pour vous mais Titine n'avait jamais lu quelque chose qui s'approchait de cette recette difficile et en équilibre instable. Chaque portrait est une merveille de synthèse puisque la biographie va généralement de la naissance à la mort de la dame dont il est question, mais en 8 pages, la dessinatrice arrive à caser tout ce qui semble important (et pour les infos en plus, je ne cesse de le répéter, Google est votre ami).
Côté dessin, on retrouve toute le talent de Bagieu qui, en une case, arrive à nous décrire sans ambiguïté le caractère de son personnage (par exemple, ci-dessus, vous le sentez, l'entêtement de la petite fille à gauche et l’énervement de celle de droite ?). Et la cerise sur le gâteau, ce sont les magnifiques doubles pages, entre chaque portrait, difficile de ne pas s'extasier devant ces superbes illustrations que je me verrais bien accrocher au mur chez moi, en grand format :
En Bref
C'est un gros coup de cœur et de nombreux pouces en l'air pour cette super initiative. Indispensable à bien des niveaux, elle vous fera rire et réfléchir (l'enseignement parfait). J'ai été soufflé par son talent de dessinatrice mais aussi (et surtout) de passeuse d'histoire. Pénélope Bagieu montre qu'elle est particulièrement douée pour raconter la vie de femmes complexes et importantes (talent qu'elle nous démontrait déjà dans California Dreamin') et si je suis du genre à m'indigner souvent et devant beaucoup de choses, rares sont les bandes dessinées qui peuvent se vanter de m'avoir fait passer par autant d'émotions différentes en si peu de temps. Culottées est une lecture indispensable pour connaitre son passé, réfléchir sur sa propre époque et se positionner en tant que femme dans un monde encore bien fermé sur le sujet. À lire, à relire et à partager avec vos enfants, vos animaux et les êtres masculins qui vous entourent !
Il faut ABSOLUMENT que je m'y mette !
RépondreSupprimerMais OUI ! Carrément ! Franchement, c'est une lecture indispensable et je suis sûre que ça va te plaire :D
SupprimerMais y a troooop de tentations et je suis pauuuvre :P !
SupprimerComme je te comprends ! Et les journées de 24h qui empêchent de lire plus, on en parle ? xD
SupprimerIl faut vraiment que je lis les Culottées ! j'admets que comme je le vois trop je suis en mode " nah on éviiiite " mais la dernière fois je l'ai feuilleté, et je suis tombée sur la femme à barbe, et j'étais gaga, je trouvais ça tellement génial.
RépondreSupprimerMine de rien, je pense que ces BD sont des cadeaux parfaits !
Ah nan mais eux, ils méritent leur succès ! C'est absolument génial et, comme tu dis, de très beaux cadeaux à faire pour n'importe qui !
SupprimerJ'avais lu tous les portraits publiés en lien avec le monde, mais je pense que ce sont des BDs que je vais le procurer version papier. Ne serait-ce que pour la Paupiette quand elle sera plus grande et en mal de modèles 😁
RépondreSupprimerJ'en avais aussi lu une partie sur le Monde mais en papier, ils sont encore mieux, plus beaux, je trouve. Et rien que pour les doubles pages en plus, ça vaut le coup. Et c'est marrant, je n'arrête pas d'entendre ça, des parents qui veulent les faire lire à leur fille/garçon quand ils seront plus grands, je trouve ça super !
Supprimerrraaa il faut vraiment que je m’y mette !
RépondreSupprimerMais oui !! N'attends plus ! (ça peut te sortir de ta panne en plus ^^) :D
SupprimerJ'avais suivi la publication des portraits sur le Monde, mais j'ai quand même très envie de me procurer ces BD ! Ta critique est très juste et donne vraiment envie de les relire sur le champ !
RépondreSupprimerCe sont deux indispensables à avoir dans sa bibliothèque ! En plus, ils brillent, que demander de plus ? :p
SupprimerRaaah punaise, il me les faut !
RépondreSupprimerHahahaha mais carrément ! Tu vas kiffer !
SupprimerDire que j'ai lu cet article il me semble il y a mille ans. Incroyable. Toujours est-il que j'ai découvert cette BD sur ton blog, et que ce n'est que cette année que j'ai réussi à me le procurer. Cette BD est d'utilité publique, et je me devais de revenir ici pour te dire : merci pour la découverte ! :):)
RépondreSupprimerPS : Bien sûr, en bonne retardataire, je n'ai toujours pas lu le T2... bah oui...
PPS : Mes smiley et mes points de suspensions t'avaient pas manqué, je crois... :) :)