mercredi 12 octobre 2016

"Le Fléau T.1&2" de Stephen King



Bim ! En exclusivité sur le Brocoli de Merlin, de la nouveauté extra-nouvelle garantie extra-vierge. Ou pas. Vraiment pas en fait. Le Fléau, l'un des chefs d'oeuvre de mon auteur favori, arrive maintenant à l'âge vénérable de 35 ans (ne me tapez pas dessus les trentenaires, c'est pour le style, le terme vénérable) et il me semble l'avoir déjà lu trois fois. Quatre donc, si on ajoute la relecture de cet été qui m'a donné envie de vous en parler. Alors oui, c'est un pavé, oui c'est du Stephen King, c'est pas toujours la Petite Maison dans la Prairie comme lecture mais à l'époque où The Walking Dead est à la mode, il me semble que l'un des précurseurs du post-apo a tout à fait sa place sur un blog littéraire.


L'histoire que tout le monde ou presque connaît
Il a suffi que l'ordinateur d'un laboratoire ultra-secret de l'armée américaine fasse une erreur d'une nanoseconde pour que la chaîne de la mort se mette en marche. Le Fléau, inexorablement, se répand sur l'Amérique et, de New York à Los Angeles, transforme un bel été en cauchemar. Avec un taux de contamination de 99,4 %. Dans ce monde d'apocalypse émerge alors une poignée de survivants hallucinés. Ils ne se connaissent pas, pourtant chacun veut rejoindre celle que, dans leurs rêves, ils appellent Mère Abigaël : une vieille Noire de cent huit ans dont dépend leur salut commun. Mais ils savent aussi que sur cette terre dévastée rôde l'Homme sans visage, l'Homme Noir aux étranges pouvoirs, Randall Flagg. L'incarnation des fantasmes les plus diaboliques, destinée à régner sur ce monde nouveau. C'est la fin des Temps, et le dernier combat entre le Bien et le Mal peut commencer.


Et elle en pense quoi Titine ?
Je pense l'avoir déjà dit une paire de fois, mais Titine, elle n'est pas très objective lorsqu'il s'agit de Stephen King. Elle aime tout ou presque (et elle a failli faire une crise cardiaque en vacances en voyant que son prochain était déjà traduit en italien alors qu'en français, on traîne...). Mais en poussant très fort, Titine arrive à dire que s'il fallait établir un top 10, elle le placerait dedans. Avec Ça, Différentes Saisons et La Ligne Verte

Le Fléau regroupe tout ce qui fait que j'aime l'auteur, son traitement des personnages, bons ou mauvais, est impeccable et on peut franchement faire difficilement plus crédible. La psychologie de tous est creusée, ce qui rend plutôt difficile de deviner qui va être le prochain à mourir (cf. Game Of Thrones, The Walking Dead, quand je vous dis "précurseur" !), les familles sont déchirées une à une par une maladie terrible et décrite ici dans ses moindres détails (attention aux âmes sensibles mais elles sont généralement prévenues en voyant le nom de l'auteur sur la couverture). Tous deviennent donc très attachants et indispensables à l'histoire, vous finissez par même prendre à cœur le destin des "méchants" (et ils sont nombreux ici), sauf que vous êtes moins tristes lorsqu'ils meurent, on ne va pas se mentir. Ses héros sont tous humains, "normaux", réalistes et ont bien souvent des tas de défauts, difficile alors de ne pas se prendre au jeu, de ne pas s'identifier et penser que l'on réagirait sans doute pareil dans la même situation.

Certains lui reprocheront ses longueurs, personnellement, ça ne me gêne pas, au contraire, elles me permettent de totalement m'isoler dans l'histoire, de rendre vivant chaque recoin du monde qu'il déroule sous nos yeux et je ne m'ennuie jamais. De plus, Stephen King a cette capacité de nous asséner une vérité bien sentie, un élément très abrupt en plein milieu d'un long passage plus descriptif, ce qui garde l'esprit complètement dans le feu de l'action. Je pense notamment à ces passages, dans le tome 1, où King nous présente les morts collatérales de l'épidémie, c'est-à-dire ceux qui, bien qu'ayant survécu à la maladie, meurent bêtement suite à l'isolement qu'elle a provoqué, comme ce petit garçon, encore presque un bébé, qui tombe dans un puis sans personne pour le secourir ou cette jeune femme qui trouve le moyen de s'enfermer dans une chambre froide fonctionnant encore sur générateur. Stephen King, c'est tout ça à la fois, un style lapidaire qui fiche des coups à l'arrière de la tête quand on ne prête pas attention et des mises en contexte-fleuve qui vous plongent de plus en plus profondément dans son histoire.

Le côté fantastique prend, lui, la forme assez classique d'une lutte entre le bien, à travers Mère Abigail, et le mal, avec Randall Flagg. Métaphoriquement, vous retrouvez clairement Dieu d'un côté, la pureté, la sagesse, et le Diable de l'autre, mauvais, séduisant, presque plus fort puisque plus présent. La deuxième partie prend donc un tour beaucoup plus mystique (il a toujours tendance à s'emballer, le monsieur King) mais reste passionnante et étrangement crédible : sans les pouvoirs des uns et des autres, il ne reste plus que deux chefs de guerre très charismatiques qui veulent se vouer une lutte sans merci. Si comme moi, vous regardez The Walking Dead, vous savez que toute apocalypse donne lieu à des batailles continues entre les survivants (histoire qu'il y ait encore moins de survivants, ça s'appelle la sélection naturelle)(pardon mais la nature humaine quand même...).

Je me rends compte que cette chronique va peut-être être la plus longue de l'histoire de ce blog et je n'ai pourtant pas l'impression de n'avoir ne serait-ce qu'approché la richesse de cette oeuvre. Petite chose qui m'a chiffonné à la lecture : très ancré dans les années 1980-1990, le roman commence à prendre de l'âge et j'ai dû chercher certaines références pour pouvoir les situer. Néanmoins, l'ambiance particulière de cette époque, à la mode aujourd'hui (il suffit de voir Stranger Things), donne une valeur ajoutée au roman (bon, j'avoue, je suis incapable de faire une critique...).

5/5
Always

En Bref
Comme vous l'avez vu, j'adore ce bouquin, je le relirais sans doute d'ici quelques années et je ne m'en lasse pas. Pour ceux que l'horreur effraye vraiment, sachez que ce n'est pas non plus si terrible que ça, le sujet tourne surtout autour de la survie de l'homme en milieu hostile (qu'il a créé lui-même), personne ne se fait couper en morceau et manger par exemple (ou alors, j'ai loupé un chapitre). Toutefois, si vous voulez découvrir Stephen King, ce n'est peut-être pas le meilleur moyen pour commencer, préférez La Ligne Verte par exemple, ou Différentes Saisons si les nouvelles ne vous dégoûtent pas (vu le nombre de pages, les nouvelles de King tiennent plus du petit roman).

Et pour le fun, je vous remets cette illustration, faite à l'occasion d'un tag sur Stephen King, parce qu'elle est quand même super chouette !


17 commentaires:

  1. Ah tu me donnes envie... Alala ! (non non non pense à tes lectures en cours, petit monstre, pense à tes lectures !!). T'as bien raison de parler de ce bouquin tant il rentre en résonance avec ce que les gens (moi) voient en ce moment en terme de série et films sur la survivance (c'est pas français, m'en fous). Allez je le note et je vais voir si je peux pas me le procurer. Ça me remettra en selle avec Stephen King que j'ai délaissé voilà de nombreuses années.

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    1. C'est pas facile en ce moment, j'ai envie de lire trop de trucs en même temps et du coup, j'avance dans rien... Mais ce livre a beau être un bottin, il se lit tout seul ! Et il faut que tu retournes faire des câlins à Stephen King, ça va pas du tout cette affaire !!

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  2. Le Fléau est pour moi la meilleure oeuvre de Stephen King ! Quand je l'ai lu il y a 10 ans, j'avais un début de rhume... Cauchemars garantis !

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    1. Haha j'avoue que lire ça malade, ça doit faire bizarre !!

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  3. J'ai dévoré les deux tomes en vacances et j'avoue que ça s'était lu très vite et que j'en garde un souvenir très marquant! Si ça m'a plu sur le moment, je trouve quand même que cette lutte du bien et du mal était un peu trop manichéenne à mon goût mais au final on passe quand même un bon moment et c'est du pur Stephen King :)

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    1. C'est vrai que le "non-manichéisme" est assez subtile mais j'ai vu tellement pire dans les luttes bien vs mal que ça me va :p

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  4. Il va falloir que je me le procures celui-ci... Tout le mon de m'encourage à le lire et en ce moment je le vois passer à plein d'endroit avec de super avis! Après la lecture de ta chronique sur Adam, le peintre sniffeur, King apparait comme le Graal. =p

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    1. Haha oui c'est sur que c'est en rien comparable ! Si tu te laisses tenter, tu es vraiment partie pour quelques excellentes heures de lecture ! J'espère que tu te laissera convaincre :)

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  5. Hop, dans la liste des futurs achats !

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  6. Bon, en vrai, je suis froussarde, tu le sais.
    Mais j'aimerais bien mieux connaître le King. Sauf que je suis froussarde. Genre, je regarde The Walking Dead (enfin je regarde plus maintenant, je trouve que c'est devenu toupouri), je passe la moitié de l'épisode avec la main sur la figure pour me cacher dès qu'il y a une ombre ou une feuille qui bouge. Alors qu'objectivement, je SAIS que ça ne fait pas vraiment peur. Bref, sachant ça, faudrait que je commence par quoi ?

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    1. Le Fléau ne fait pas non plus très peur, c'est plus une ambiance glauque, comme The Walking Dead par exemple, c'est surtout "ça" qui fait vraiment peur.
      Dans le genre, sinon, tu as La Ligne Verte, qui ne fait pas vraiment peur (il y a quelques scènes un peu dures mais ça va !) ou 22/11/63 qui est plus SF que fantastique (mais qui est un sacré pavé)

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    2. Ah, non, mais les pavés, j'aime bien moi, donc c'est pas un souci. Et j'aime bien les atmosphères sombres et glauques, ça me dérange pas l'hémoglobine non plus. Mais j'aime pas avoir peur.
      Vais suivre tes conseils. Et si je fais des cauchemars, ce sera tout de ta faute !

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    3. Oups, c'est moi qui ai peur maintenant xD

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  7. Toujours pas lu de livres de l'auteur. Il serait temps !

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  8. Déjà lu quatre fois ! Waouh ! Bon, perso, je sors tout juste de ma première lecture et... je ne serais pas contre le relire d'ici quelques années. Les passages où l'auteur "nous présente les morts collatérales de l'épidémie" m'ont également marqué, tout comme nombre d'autres bien sûr.

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